Entreprise et économie circulaire : ne serait-ce pas juste une question de bon sens ?

  • Bridge News

    21 juillet 2021

économie circulaire

Produire des biens et des services de manière durable est désormais un véritable enjeu pour les industries. Au-delà de cet objectif vertueux, de plus en plus d’entreprises se saisissent de la question en termes d’économie circulaire.

Une stratégie, incontournable à moyen terme, qui s’avère payante à plus d’un titre…

D’une logique de volume à la recherche de valeur

La notion d’économie circulaire s’oppose aux logiques de production linéaire qui régissent nos industries depuis de nombreuses années. Le triptyque produire-consommer-jeter ne peut perdurer dans un monde aux ressources limitées. L’économie circulaire pense la production selon une logique de boucle : elle privilégie le recyclage et le réemploi des ressources, tant techniques qu’organiques.

Il n’est donc plus question de produire toujours plus, mais bien de favoriser la création de valeur, ce qui est désormais compatible avec performance économique et compétitivité. Car oui, l’économie circulaire permet d’optimiser les coûts.

Une projection du cabinet McKinsey et de la Fondation Ellen MacArthur (L’économie circulaire, pour une Europe compétitive), souligne qu’en s’inscrivant dans un modèle d’économie circulaire, l’Europe pourrait réaliser une économie nette de 380 milliards de dollars par an en matières premières, et générer un bénéfice net de 1 800 milliards d’euros d’ici 2030, soit 900 milliards de plus qu’en suivant la voie actuelle du développement linéaire.

L’économie circulaire est aussi un moyen de diminuer la dépendance des états aux importations de matières premières, y compris les plus stratégiques (cobalt, lithium, etc.) indispensables au stockage de l’énergie comme à la mobilité du futur. Par exemple, le recyclage à grande échelle du plastique permet de se protéger contre les fluctuations du marché international du plastique vierge, fortement corrélé au cours du pétrole brut et aux événements géopolitiques. De manière générale, capter sur le territoire les richesses associées aux opérations de recyclage permet de développer une production nationale de meilleure qualité.

Autre impact positif : la création de nouveaux métiers. A titre d’illustration, une tonne de déchets recyclés permet de créer 10 fois plus d’emplois qu’une tonne enfouie. L’objectif de la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020) est ainsi de générer 300 000 emplois supplémentaires, déployés localement et couvrant une palette de qualifications dans les secteurs du réemploi, de la réparation et du recyclage des ressources.

L’économie circulaire, grâce à sa capacité à créer de la valeur, pourrait bien être la solution réconciliant réussite économique (par le biais de la compétitivité et de la rentabilité) et responsabilité écologique (par la préservation de la biodiversité et les ressources).

Aller plus loin : l’économie de la fonctionnalité et de la coopération

Les lignes bougent. Beaucoup d’entreprises s’inscrivent déjà dans une démarche de recherche accrue de qualité et dans la lutte contre l’obsolescence programmée.

Le changement de paradigme continue de s’opérer pour les acteurs qui ne considèrent plus la vente d’un bien, mais celle de son usage. L’économie de la fonctionnalité et de la coopération propose ainsi un nouveau modèle de production, de distribution et de consommation. Par exemple, on ne va plus vendre une chaudière pour un bâtiment, mais proposer un confort thermique aux habitants. En privilégiant un service et non plus un produit, la responsabilité est mieux partagée.

Le fournisseur a tout intérêt à ce que la chaudière soit durable, que sa fin de vie soit anticipée, et que l’équipement soit réutilisable ou puisse se recycler. Les produits étant conçus sur mesure, la consommation énergétique correspond aux besoins réels des utilisateurs. Cette offre plus éco-efficiente incite à une gestion durable et encourage les pratiques écoresponsables (écoconception, réemploi, recyclage, réparation…).

L’entreprise Michelin facture par exemple les kilomètres parcourus par les véhicules équipés de ses pneus au lieu de les vendre. Décathlon a développé un service de location de matériel. En remettant la qualité, l’expertise et la relation client au centre du processus de vente, on s’inscrit ainsi dans une démarche vertueuse qui a du sens tant pour les producteurs que pour les consommateurs.

Economie circulaire : les leviers d’application en entreprise

Dans un monde hyperconnecté, la crise de Covid-19 a mis en lumière les dépendances logistiques de nombreuses entreprises. Ces dernières doivent repenser leur modèle économique, et en profitent pour accélérer leur transformation en matière d’économie circulaire. Comment faire ?En créant plus de synergies locales et de partenariats entre les acteurs des territoires, pour faire en sorte que les déchets des uns deviennent la ressource des autres. L’économie circulaire est un moyen de redynamiser le tissu économique local et d’encourager la coopération. En faisant appel de façon plus automatique à l’écoconception des produits manufacturés, c’est-à-dire en prenant en compte dès le départ les problématiques liées au recyclage, à la réparabilité, à l’allongement de la durée de vie, à l’incorporation de matières recyclées et recyclables, au démantèlement…Et enfin, en travaillant davantage sur la fin de vie de certains produits non éco-conçus, afin d’identifier comment les reconditionner, les réemployer pour un usage différent (le verre trempé de chauffe-eaux solaires pourrait par exemple être réutilisé dans des matériaux de construction, des pneus usagés servent de matière première pour des aires de jeux amortissantes, etc.).

L’objectif étant de déceler de nouvelles opportunités commerciales pour créer de la valeur ajoutée, et s’inscrire dans le développement de nouveaux usages.

Bien que jeune dans son aspect normatif, l’économie circulaire repose sur le bon sens et l’idée de durabilité, qui est un concept ancien. Réparation, réemploi, écoconception et coopération en sont les piliers. Dans un monde aux ressources limitées, on comprend la nécessité d’un modèle plus vertueux, économe en ressources naturelles et moins producteur de déchets. Nous engager largement dans cette dynamique est une réponse économique aussi ambitieuse qu’atteignable.

Néanmoins, l’économie circulaire n’est pas le remède miracle à tous les maux et ne doit être appréhendée que pour ce qu’elle tente de résoudre. En effet, des considérations sociales (par exemple, comment améliorer un système du point de vue de la qualité des emplois ou du bien-être de la communauté) et éthiques (s’assurer d’une juste distribution des effets des activités économiques, positifs et négatifs, au sein de la population) doivent être des leviers complémentaires pour une approche holistique.

C’est en complétant les initiatives circulaires par des perspectives visant la prise en compte de ces autres dimensions que nous pourrons construire un véritable projet sociétal novateur, responsable et durable. Nous sommes déjà demain, en route vers un monde plus juste !

 

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