Omniprésent dans notre quotidien, le papier reste le support préféré des Français puisque sa consommation a augmenté de 126% en 20 ans d’après Kantar Media*. A ses côtés, se tient le numérique qui ne cesse de croître. Tous deux présentent leurs enjeux écologiques : comment choisir au mieux ?
Le papier, toujours à la mode…
En France, la consommation annuelle de papier s’élève à 8,8 millions de tonnes, soit 279 kilos par seconde. On consomme en moyenne 136 kg de papier et cartons par habitant. Levier d’incitation fort à l’achat, il détient une proximité avec le lecteur que la dématérialisation ne permet pas. Une étude de Balmétrie** a montré que, de 2016 à 2018, 46% des lecteurs se sont déjà rendus dans un magasin après avoir lu un prospectus publicitaire.
En entreprise, le papier est également toujours à la mode. En moyenne, un salarié en consomme encore entre 70 et 80 kg chaque année. Néanmoins, il existe un gaspillage non négligeable du papier en entreprise qui est dû à un manque de sensibilisation des collaborateurs face à sa consommation. Selon l’ADEME, 25 % des documents sont jetés 5 minutes après leur impression et 16 % des impressions ne sont jamais lues. Au total, ¾ des déchets produits au bureau sont du papier. Qu’en est-il du recyclage ?
Depuis la nuit des temps ou presque…
A l’instar des Japonais qui ont déjà créé le recyclage du papier depuis quelques siècles, les Chinois emboîtent le pas au Ier siècle lorsque le Ministre de l’Agriculture de la dynastie Han conseille de faire bouillir de vieux chiffons de lin afin de fabriquer du papier.
En 2000 ans, les techniques de recyclage du papier se sont perfectionnées pour atteindre aujourd’hui un taux de recyclage de 85% ! Il peut se réutiliser 5 à 6 fois. Optimiser son utilisation, sensibiliser ses utilisateurs face au gaspillage et mettre en place des gestes simples sont ainsi les principaux axes de travail.
Par exemple, au bureau et à l’échelle individuelle, quelques écogestes simples peuvent pourtant être adoptés :
- Imprimer recto/verso & en noir et blanc
- Réduire les marges des documents & la police des caractères
- Partager ses documents sur un réseau au lieu de les imprimer plusieurs fois
- Eviter les impressions inutiles (mails, publicités, document de travail à plusieurs versions)
- …
Enfin, l’utilisation d’encres végétales ou biosourcées et de produits recyclés ou labellisés FSC (Forest Stewardship Council) et PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification) – organismes œuvrant pour une gestion durable des forêts – sont également autant de leviers existants permettant de réduire son empreinte écologique.
A ce titre, le numérique a été perçu comme une alternative à l’utilisation massive du papier. Il occupe une place toujours plus importante dans nos vies dématérialisées.
La course au numérique continue et s’intensifie…
Face au papier, le numérique évolue et occupe une place toujours plus grandissante : e-mailing, site Internet, publicités en ligne, catalogue PDF, etc. Dématérialisés, ces supports de communication nous paraissent plus respectueux de l’environnement puisqu’ils permettent de réduire la quantité de papier utilisée.
Avec une augmentation de 9% d’énergie consommée par an, le développement exponentiel du numérique constitue un enjeu fondamental pour la transition énergétique. La période de Covid-19 a accentué notre dépendance aux systèmes numériques ainsi que son développement. Les technologies numériques ont permis de faciliter le partage d’informations et la communication, d’atteindre plus rapidement le consommateur, de gagner du temps dans les processus et dans les entreprises, etc. Il est néanmoins important de rappeler que les technologies numériques restent des supports physiques qui s’appuient sur des infrastructures et consomment de l’énergie.
Derrière la dématérialisation, un monde physique bien réel
D’apparence, le numérique paraît moins polluant par son immatérialité, mais en réalité il utilise davantage de ressources fossiles et d’énergie. Ordinateurs, serveurs, smartphones, écrans, câbles, antennes, tous requièrent plusieurs tonnes de matières premières pour être produits et génèrent des centaines de tonnes de CO2 rien que pour leur production. L’hébergement des sites, le nombre de serveurs, le stockage de l’information numérique, le flux d’informations, tous ces services numériques reposent également sur des infrastructures physiques énergivores et émettrices de CO2. Ce constat ne fait aucun doute : le numérique est un géant qu’il faut utiliser avec réflexion et raison dans une logique de développement technologique positif. Aujourd’hui, les bénéfices du numérique sont indéniables et doivent être intégrés dans la logique de transition énergétique. C’est dans ce contexte qu’a émergé la notion de « sobriété numérique » en 2008 par GreenIT.
La sobriété numérique vise à diminuer les impacts environnementaux du numérique en ayant une approche plus réfléchie et consciencieuse du digital, tout en préservant ses bénéfices. Quels sont les risques et les opportunités face au déploiement d’infrastructures et de services associés ? Pour quel besoin ? C’est ce que le numérique piloté souhaite prendre en considération dans son développement afin de ne conserver que les apports essentiels du numérique. Les coûts induits par ces technologies, notamment énergétiques et en consommation de ressources, leur gain par rapport à des technologies non-connectées et les effets indirects de leur déploiement (maintenance, nouvelles infrastructures, etc.) sont des données pertinentes quant aux choix technologiques. Optimiser les hébergements, réduire le poids des documents et limiter le flux de données sont également des écogestes pouvant être adoptés à la diminution de l’impact du numérique.
Du côté de l’utilisateur, il existe également des leviers d’actions tels que trier ses mails, spams et vider la corbeille numérique, privilégier des liens hypertextes au lieu d’envoyer des pièces jointes, allonger la durée de vie de ses équipements électroniques.
Alors, papier ou numérique ?
Tous deux présentent des atouts et des inconvénients à prendre en considération afin de limiter leur impact environnemental. Ces actions passent par l’optimisation de leur utilisation en se penchant sur leur empreinte écologique et en tenant compte des enjeux & bonnes pratiques associées.
L’analyse du cycle de vie (ACV) peut-être un outil efficace d’aide à la prise de décision. Cette méthode permet d’évaluer l’impact environnemental d’un produit ou d’un service en se basant sur 16 critères répartis dans cinq catégories : l’impact sur les écosystèmes, les ressources, la santé humaine, l’utilisation de l’eau et le changement climatique.
Dans un contexte de risques physiques et mondialisés, le développement du numérique suscite aussi d’autres interrogations quant à la dépendance de nos sociétés et notre économie aux outils numériques. Il est donc indispensable de réfléchir aux moyens à mettre en œuvre afin d’assurer la solidité des infrastructures physiques et d’adopter une attitude résiliente face à l’incertitude des évènements.
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