Décarbonation : pensons transition domestique

  • RSE

    4 août 2023

Quand on est une famille de 4 personnes, dans une ville moyenne, comment peut-on faire pour décarboner son empreinte ?

Entre la consommation à outrance et la décroissance, il y a quelques intermédiaires et dans cette démarche, nous pensons tous au monde professionnel et aux transports, c’est normal. Ces gros postes faisant déjà l’objet de moult articles, critiques, plans gouvernementaux, je n’irai pas sur ce terrain. Toutes les strates de notre société peuvent s’impliquer, agir, chacune à leur niveau, selon leurs moyens et capacité même s’il est clair que les actions individuelles ne sont pas suffisantes. Elles sont toutefois indispensables, car elles agissent sur notre état d’esprit et notre état d’esprit agit… sur nos sphères professionnelles et personnelles. Bien sûr, n’étant pas patron du CAC40, cela n’aura pas le même effet. Parlons donc de la transition domestique !

Prendre conscience

Jour du dépassement, bande du réchauffement climatique, fresque du climat, rapports du GIEC, tous ces outils ne sont là que pour nous rappeler que nous n’avons qu’une seule planète.
Et cela malgré les publicités sur tous les supports nous exhortant à consommer, consommer et encore consommer. Toutes ces sollicitations visant à nous créer des besoins pour nous pousser à acheter toujours plus de choses parfois inutiles à notre bien-être. Nous sommes donc tous bien des acteurs et l’implication de quelques personnes ne suffira pas.

En effet, la question qui pourrait se poser est : si 500 000 agissent et les autres s’en foutent, le résultat sera-t-il probant ? Dans combien de temps ?

Faire le bilan

Tous comme les outils de sensibilisation cités plus haut, les calculateurs donnent des résultats variables, mais ils permettent de voir les proportions de nos utilisations par poste : logement, transport et repas. Ce sont les leviers… A chacun d’identifier ceux qui sont pertinents dans sa situation. Pour ma part, j’ai fait quelques essais.

Ma situation :

Une maison ancienne de 120 m² dans une petite ville qui n’a pas beaucoup de transports en commun, pas de jardin. 1 conjoint, 2 ados, 2 voitures hybrides (essence/électrique et essence/GPL).

  • Conso. électrique :  abonnement 6kVA – 2940 kWh consommés sur 12 mois
  • Conso. ­gaz : 9330kWh par an
  • Conso. eau : env. 100 m3 par an
  • Déplacements voiture : 10 000 (voiture moins utilisée) + 15 000 (voiture « principale »)
  • Déplacements autres : 0 à 2 trajets en avion par an pour le perso (j’ai considéré 5h d’avion par an) et 0 cette année pour les déplacements professionnels (mais ce n’est pas toujours le cas)

Mon premier essai : calculateur de l’ADEME

On peut y renseigner sa consommation exacte de gaz, d’électricité et le nombre de repas avec ou sans viande, mais les voitures hybrides (électrique ou GPL) sont considérées au même titre que les voitures non hybrides pour le calcul. C’est le calculateur le plus détaillé de ceux que j’ai utilisé. Par défaut, une part fixe de 1.6 tonnes est appliquée pour l’utilisation de services et éléments publics. Au regard d’un objectif à 2 tonnes, on peut en discuter mais même sans cette rubrique, il n’est pas si simple d’atteindre l’objectif de 2 tonnes. J’ai voulu savoir ce que ça donnait si j’arrêtais les trajets en avion. Résultat : 5 tonnes.

Passer à l’action – Nos Gestes Climat

 

Second essai : GoodPlanet

Le bilan est moins précis, car il ne demande pas le détail de vos consommations d’électricité/gaz et ne permet pas non plus de mitiger la réponse sur les voitures hybrides qui ne se valent probablement pas toutes. Néanmoins, il faut conserver le fait que même en faisant attention, c’est encore beaucoup trop.

Fondation GoodPlanet – L’écologie et la solidarité au cœur des consciences

 

Troisième essai : Footprint

Un résultat encore plus bas, mais lui aussi probablement moins précis, car les évaluations sont très standardisées.

Ecological Footprint Calculator

 

Réfléchir

C’est l’étape qui définit la nature de notre engagement…

Résumer tout cela à arrêter de prendre l’avion et devenir végétarien serait assez limitatif. Pour ma part, c’est « doucement mais sûrement » en essayant de voir à long terme, car accepter de changer c’est souvent synonyme de perte de confort. Il y a d’ailleurs eu plusieurs étapes… je n’ai pas encore fait tout le chemin et je ne le ferai peut-être jamais jusqu’au bout.

Cette réflexion doit être faite en famille ou du moins avec tous les membres du foyer pour limiter la charge mentale associée qui retombe souvent sur les femmes et assurer la pérennité de cette démarche. Mon premier constat est que mes enfants/ados sont moins engagés que je ne l’imaginais.

Quand on s’engage dans cette démarche au sein du foyer, la réflexion peut prendre une multitude de chemins qui dépendront de nos consommations. Si je dois faire ma liste (non exhaustive), la voici :

  • Les énergies/ressources : gaz, électricité, eau, ….
  • Le logement : isolation, température de chauffage, …
  • Les transports : avion, train, voiture, …
  • L’alimentation
  • Les biens et équipements : vêtements, électroménager, meubles, ….
  • Loisirs/voyages

Comment avancer ?

Sans vouloir être moralisatrice, à mon échelle ce qui en théorie pourrait être améliorable, c’est le fait d’avoir 2 voitures. Dans une grande ville et avec des transports en commun fiables et performants, ça serait une évidence, mais là, ce n’est pas (encore) envisageable. Alors, il nous reste à en diminuer leur utilisation. Cette démarche n’est donc pas standardisable et reste à adapter aux différents foyers.

Chez nous, « la bonne énergie est celle qui n’est pas consommée, le bon déchet est celui qui n’est pas produit, réutilisation quand c’est possible ». Du coup, nous nous sommes penchés sur les éléments suivants :

Optimisation du chauffage :

  • Recherche des pertes, réparation du toit, changement de certaines fenêtres.
  • Chauffage au gaz à 17°C + insert d’appoint pour le plaisir.

Transports :
Ma voiture est une hybride GPL et j’ai adopté une conduite plus souple ainsi que des applis de covoiturage. Les ados ont leur carte de bus annuelle pour le quotidien et ne nous sollicitent que 2 à 3 fois par semaine sur des trajets particuliers non faisables facilement en bus. Avant cette voiture, je n’avais eu que des voitures d’occasion.

Alimentation :

  • Peu de viande mais elle vient de chez le boucher. Légumes d’un maraîcher local,
  • Réflexion sur l’achat local et compost chez la voisine (on n’a pas de jardin),
  • Utilisation du four pour plusieurs recettes quand c’est prévu,
  • Réflexion pour ne plus gaspiller depuis 17 ans (menus établis puis liste des courses),
  • Achats en vrac avec nos bocaux mais visite hebdo au supermarché,
  • Inscription et achats réguliers sur les applications anti-gaspi,
  • Et surtout pas de gaspillage !

La fast fashion (habillement), achats compulsifs à courte durée de vie dans les destocker/solderies/commerces discount… Ça, c’est le moins possible, mais ça arrive encore parfois.

Meubles :
lol… Les nôtres ont quasiment tous 20 ans minimum, sauf les matelas et canapés. Pas de raison d’en changer ni d’en acheter d’autres, cela évite d’acheter des choses pour remplir la maison.

Réparation de l’électroménager :
Oui, mais quelle galère de trouver les réparateurs sans trimbaler l’appareil ménager ! (Un problème de four nous a montré les limites du système : premier réparateur au diagnostic fantaisiste, puis un sérieux. Bilan : 12 mois pour faire réparer un four à domicile). Sinon, j’effectue mes achats dans les catégories peu gourmandes (efficacité energétique) et durables (indice de réparabilité).

Matériel scolaire :
Là, c’est objectif zéro gaspi ! Tri et réutilisation systématique des pochettes plastiques, classeurs, feuilles, stylos, feutres, cahiers entamés transformés en brouillon. Les cartables sont biens choisis car ils durent autant que possible.

Démarche Zéro déchet ?
C’est peut-être très ambitieux, mais allons-y pas à pas : achats en vrac mensuels avec nos bocaux pour éviter les sacs en papier intermédiaires tant qu’à faire et diminution des achats cosmétiques en utilisant plutôt les basiques.

Loisirs/voyages :
Il nous arrive de prendre l’avion pour les vacances, à peu près tous les 2 ans, mais pas pour un week-end. Cela pourrait arriver pour des occasions particulières, car toute la famille n’est pas dans la région et une urgence peut arriver. Le reste du temps, le train et la voiture sont utilisés.

 

En conclusion

Concrètement, je ne suis pas une jusqu’au-boutiste mais on avance, pas de pas en arrière pour le moment. Il faut l’implication de tous les membres du foyer et je pars du principe que « tout geste est un bon geste » ; on embarque tout le monde en espérant engager un cercle vertueux ! Ça évite les « bonnes résolutions » qui font pschiittt.

Tout ceci n’a pas la prétention de suffire, évidemment. Les évaluations, tout comme les actions doivent encore gagner en maturité et en diffusion, mais il faut bien commencer quelque part… car « il est dangereusement contre-productif  de prétendre résoudre la question climatique en faisant reposer l’exclusivité de l’action sur les seuls individus », phrase issue du rapport de juin 2019 de Carbone 4. Pour tous ceux que la démarche intéresse, je vous recommande la lecture de cet article paru dans Start.Echos.

Vous pouvez aussi choisir d’adopter la notion d’écolonomie (épargne réalisée ayant une action positive sur le milieu naturel) qui allie sobriété et raison à mon sens.

 

Références :

calculateur empreinte empreinte carbone personnelle familles transition domestique zéro carbone