L’innovation touche tous les secteurs, et celui des achats ne fait pas exception. En 2025, la digitalisation des achats repose sur une large palette de technologies qui, en synergie, transforment les organisations. L’intelligence artificielle (IA) prend une place centrale dans les objectifs stratégiques des directions achats. Elle s’accompagne d’autres outils digitaux qui, ensemble, redéfinissent les pratiques et permettent aux acheteurs de relever des défis variés : optimiser leurs processus, réduire les coûts, et s’assurer d’une conformité accrue face aux exigences réglementaires.
Tour d’horizon des principaux moyens de digitalisation dans un monde d’innovation croissante.
Les piliers de la digitalisation
La transformation digitale des achats repose sur plusieurs piliers technologiques qui se complètent pour offrir des solutions innovantes et adaptées aux besoins des organisations. Ces technologies incluent :
L’e-procurement : une solution centralisée
Les plateformes d’e-procurement permettent de gérer et d’automatiser l’ensemble du processus d’achat, de la demande initiale à la facturation. Ces outils offrent une transparence accrue et permettent des économies importantes grâce à la standardisation des pratiques.
Atouts :
- Centralisation des données pour un suivi optimisé.
- Réduction des délais et des erreurs dans le traitement des commandes.
La blockchain : traçabilité et conformité
En renforçant la transparence des chaînes d’approvisionnement, la blockchain garantit l’intégrité des données et aide à assurer la conformité des produits, notamment dans des secteurs comme l’aéronautique, où les normes sont strictes.
Applications concrètes :
- Certification de l’origine des produits.
- Suivi en temps réel des étapes de livraison.
Les plateformes collaboratives
Ces outils facilitent la communication entre acheteurs et fournisseurs, favorisant des échanges fluides et une gestion plus efficace des projets communs.
Résultats :
- Réduction des frictions organisationnelles.
- Accélération des cycles de validation.
Le cloud : accessibilité globale
Les solutions cloud offrent une mise à jour continue des données, constituant un pilier essentiel pour des environnements réglementés comme l’aéronautique. En les combinant avec d’autres technologies, comme l’IA ou la blockchain, elles renforcent la flexibilité et l’efficacité des chaînes d’approvisionnement.
Faiblesse :
Dépendance aux fournisseurs externes et risques de failles cybersécurité.
L’IA : pierre angulaire incontournable de la digitalisation
L’étude AgileBuyer-CNA sur les tendances 2025 montre que l’IA devient un levier incontournable pour les acheteurs, avec une adoption prévue passant de 25% en 2024 à 40% en 2025. Elle est particulièrement prisée dans des secteurs comme les télécoms (59%), l’industrie lourde (56%) et le luxe (55%), reflétant son potentiel dans des environnements très diversifiés. Bien qu’elle ne soit pas le seul moteur de la digitalisation, l’intelligence artificielle s’impose comme une technologie essentielle pour maximiser l’efficacité et la stratégie dans les achats.
En 2025, les acheteurs sont appelés à relever de grands objectifs : d’une part, appliquer l’IA pour améliorer leurs propres processus _notamment dans la rédaction d’emails (44%), le sourcing (40%) ou encore les études de marché (33%), et, d’autre part, s’assurer d’acquérir des solutions IA stratégiques pour leur organisation. Cette double mission place l’IA au cœur des transformations actuelles.
L’IA révolutionne les achats en optimisant les coûts, renforçant la compétitivité et améliorant la gestion des risques. Elle facilite également l’accès à des insights stratégiques en temps réel, ce qui permet aux entreprises de réagir rapidement aux changements du marché.
Applications concrètes :
- Automatisation des tâches : En éliminant les tâches chronophages, elle libère les acheteurs pour des missions stratégiques à forte valeur ajoutée. Par exemple, la gestion automatisée des demandes d’achat réduit significativement les délais de traitement.
- Sourcing intelligent : L’IA sélectionne les fournisseurs en alignant leurs offres avec les besoins immédiats et les objectifs à long terme de l’entreprise. Cette capacité permet également de comparer rapidement les performances des fournisseurs.
- Optimisation des fournisseurs : Les algorithmes avancés peuvent aider à sélectionner les partenaires les plus fiables et les plus rentables, renforçant la stratégie globale d’achats.
- Analyse prédictive : Elle anticipe les tendances du marché, identifie les opportunités d’économie et détecte les risques potentiels liés aux chaînes d’approvisionnement.
- Gestion assistée par IA : Les chatbots et assistants virtuels améliorent la réactivité en répondant automatiquement aux sollicitations et en les priorisant.
- Soutient pour les négociations : Elle fournit des données précieuses sur les performances des fournisseurs et les conditions du marché pour optimiser les contrats.
Limites :
Malgré ses nombreux avantages, l’IA présente des défis, notamment en termes de coûts énergétiques et de dépendance aux données de qualité.
De plus, elle pose des questions en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE), notamment sur son impact environnemental lié à la consommation énergétique des centres de données et sur l’éthique de l’automatisation, qui pourrait conduire à une réduction des emplois dans certains secteurs.
Son adoption doit être accompagnée d’une vigilance accrue face aux risques de cybersécurité, aux contraintes réglementaires en France, en Europe et particulièrement dans des secteurs comme dans l’aéronautique, aux attentes croissantes en matière de durabilité.
Les acheteurs doivent alors acquérir de nouvelles compétences :
- Maîtrise des outils numériques : Analyser les données et exploiter les technologies avancées devient essentiel.
- Agilité et gestion à distance : Savoir collaborer avec des partenaires à distance tout en s’adaptant aux environnements changeants est primordial.
- Expertise stratégique : La négociation reste importante, mais elle s’accompagne désormais de compétences en gestion de projet et en stratégie.
Cadre réglementaire et limites à la digitalisation
La France impose des normes strictes en matière de protection des données (RGPD) et de certifications sectorielles, notamment dans l’aéronautique. Ces régulations, bien qu’indispensables, freinent parfois l’adoption rapide des technologies digitales. L’étude AgileBuyer-CNA souligne également que 42% des directions achats considèrent la cybersécurité comme un risque majeur associé à la digitalisation. Les réglementations européennes, telles que le Digital Markets Act (DMA), ajoutent par ailleurs des contraintes d’interopérabilité entre les solutions, exigeant des efforts supplémentaires pour leur mise en conformité.
Vers une stratégie intégrée
Pour maximiser l’efficacité de la digitalisation des achats, les entreprises doivent combiner l’IA avec d’autres technologies. Une approche holistique est nécessaire pour répondre aux besoins spécifiques, tout en respectant les contraintes réglementaires et environnementales.
L’IA ne remplacera pas les autres outils, mais elle les complétera pour renforcer l’agilité et la résilience des fonctions achats.
Conclusion : un écosystème en évolution
En 2025, l’IA demeure une priorité stratégique pour de nombreuses entreprises dans leur transformation digitale. Toutefois, la digitalisation des achats ne se limite pas à l’IA ; elle repose sur un ensemble d’outils interconnectés. Ces technologies doivent coexister harmonieusement tout en respectant des réglementations complexes et les exigences des environnements critiques. Pour exploiter pleinement ce potentiel, il est essentiel de comprendre les forces et limites de l’IA, et de l’intégrer dans une stratégie équilibrée et durable.
L’IA fait des achats une fonction plus stratégique, agile et performante, capable de relever les défis d’un marché en constante évolution.
Consultez notre podcast Beyond sur l’IA au cœur de la transformation des achats pour creuser le sujet :
Et retrouvez ici notre article sur toutes les tendances des achats en 2025.
Auteur : Camille Vidal, Project Performance Senior Consultant Scalian